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Les lansquenets d'Europe - Page 5

  • Retour au sacré

    par Gabriele Adinolfi

    esoter.jpgLe Solstice d'Hiver marque le réveil de la vie interieure lors de la renaissance de la lumière. C'est donc le moment de recueillement spirituel et intellectuel le plus profond pour récupérer la connaissance dans son essence ; et je pense que le deuxième livre de Christian René Robin, Ésotérisme Chrétien & Métaphysique Païenne, convient parfaitement. Ce livre fait suite à Le Futark ancien germanique, qui est le premier fruit d'une recherche de plus de trente ans, et d'autres écrits suivront.

    Cette deuxième publication n'est pas un livre ordinaire, mais elle représente une approche tangible et concrète de l'essentiel qui est à la fois immanent et transcendant, dominant nos capacités cognitives. Pour nous y connecter (re-ligere), une intelligence à la fois intuitive, rationnelle et empirique est nécessaire et ne peut être transmise sans une synthèse, rituelle, mythique, expressive. Ce n'est pas pour rien que l'on dit que le Savoir Sacré se transmet par analogies.
    Cela n'a rien à voir avec les prétentions et les distorsions des gnostiques, mais c'est bien plus simple et serein. Ce n'est pas pour rien que celui qui saisit l'essentiel est un enfant, car il le reste d'esprit.

    Dans ce livre, que je considère incontournable, Robin part de la guématrie qui “n'est pas une fin en soi. Elle n'est qu'un support aux rêves qui accompagnent les mythes afin d'exprimer une forme ésotérique liée directement à une réligion, c'est la preuve par 9 comme on disait des ennéades. Cette forme de pensée par l'arithmétique donne un sens aux alphabets, aux mots, aux noms et aux mésures ésotériques du monde. Elle offre une dimension mathématique qui envisage la présence d'une puissance divine universelle, développée et mesurable en toutes formes et en toutes choses”.
    Comme je l'ai préalablement mentionné, cela a très peu en commun avec les spéculations gnostiques et les prétentions intellectuelles des gourous matérialistes qui se prennent pour des initiés. Tout le contraire.
    En 336 pages, l'auteur démontre comment, dans les formules, les mythes et l'accompagnement des rituels chrétiens (y compris l'Eucharistie et le Paraclet), on retrouve une continuité avec la métaphysique telle que l'ont perçue, exprimée et symbolisée nos ancêtres.

    Le but du livre n'est pas de s'attarder sur les philosophies, les idéologies ou les gestions politiques de l'Église, mais plutôt d'aller à l'essentiel, reconnaissant à la fois la continuité et les variantes exprimées par le Catholicisme Viril par rapport à ce qui l'a précédé temporellement. À condition que, sur un plan essentiel, donc intemporel, donc éternel, la séquence temporelle soit si importante. Ce qui est important, c'est ce qui relie à l'Absolu, et dans cette intention, le livre de Robin est exceptionnel.
    À une époque où la demande de religion oscille entre la recherche d'une béquille et un fanatisme fondamentaliste à brandir pour une identité tribale, remettre les pendules à l'heure avec, justement, une essentialité sobre et structurée, nous offre une vision lucide et verticale de nous-mêmes, parvenant à rassembler à la fois l'Absolu qui nous surplombe, et la manière dont, avec peu de variations, les peuples européens se sont toujours conçus par rapport à ceci et comment ils en ont été inspirés.

    Pour le commander: https://europa-diffusion.com/fr/accueil/9649-esoterisme-chretien-metaphysique-paienne-le-nombre-37-comme-clef-d-un-savoir-bien-garde-.html

  • Court traité d’anti-Modernité

    par Georges Feltin-Tracol

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    Cela fait trente ans que l’auteur de la présente recension connaît Arnaud Guyot-Jeannin. Il l’a rencontré pour la première fois lors d’une université estivale du GRECE dans le Sud de la France. Arnaud Guyot-Jeannin se singulariserait déjà au sein de la rédaction d’Éléments en exprimant une point de vue traditionaliste catholique qu’il n’a cessé d’approfondir et d’étayer.

    La Tradition sans complexe est son nouvel ouvrage. Court et dense – ce qui est judicieux en ces temps où la lecture rebute les jeunes générations -, le livre s’organise en deux parties. La première correspond à un « abécédaire de l’Antimodernité » tandis que la seconde présente six portraits d’écrivains antimodernes. Y figurent bien sûr Georges Bernanos, Paul Sérant et le bien trop méconnu Gustave Thibon. Pourquoi n’évoque-t-il pas Bernard Charbonneau ? Pierre Drieu la Rochelle et Denis de Rougemont se référaient-ils pour leur part à la Tradition ? Si le premier a bien lu les écrits de René Guénon, force est de constater que son socialisme fasciste et ses appels à une révolution européenne capable d’insuffler au Vieux Continent un nouvel élan franc et gothique qui ne correspondent guère à l’enseignement guénonien. Pis, dans les dernières semaines avant son suicide, Drieu la Rochelle voyait en Joseph Staline et dans le communisme soviétique une vitalité absente dans son propre camp. S’il avait survécu à l’Épuration, Drieu aurait-il été le premier des « nazis – maoïstes » selon cette appellation stupide et plumitif en mal de sensations manipulatrices ?

     

    Proudhon et Rougemont, des contresens ?

     

    Quant à Denis de Rougemont, on a trop tendance à se focaliser sur sa période non-conformiste des années 1930 ainsi qu’à sa participation à la revue L‘Ordre Nouveau. On oublie que, traumatisé par le second conflit mondial, ce précurseur suisse de l’écologie politique est à l’origine du Conseil de l’Europe en 1949 et de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950. Ces deux initiatives permettent, entérinent, voire encouragent aujourd’hui la submersion migratoire et les dévoiements sociétaux. Après-guerre, Denis de Rougemont ne limita plus son fédéralisme à la seule Europe. Il l’envisagea à l’échelle planétaire. La Tradition primordiale serait-elle l’auxiliaire inattendu du mondialisme ? L’auteur de L’Amour et l’Occident n’est pas un « traditionaliste », mais plutôt un observateur sceptique et méfiant envers toute volonté politique...

    Peut-on enfin considérer Pierre-Joseph Proudhon, le théoricien socialiste mutualiste de Besançon, comme un penseur traditionaliste ? Certes, son fédéralisme intégral s’attache à des groupes de mutualité ouverts aux manouvriers agricoles, aux petits paysans, aux artisans, aux petits commerçants et aux ouvriers. Proudhon ne fait que théoriser dans le monde de la production de très antiques pratiques de solidarité commune. En outre, « au début du XIXe siècle, note Arnaud Guyot-Jeannin, la Franche-Comté est française depuis moins de cent cinquante ans. Il s’agit d’une vieille terre lotharingienne, l’une des plus tardivement rattachées à la couronne ». Plus que la Lotharingie, l’héritage franc-comtois est d’abord et avant tout habsbourgeois. Jusqu’en 1678, le libre comté de Bourgogne, terre du Saint-Empire, eut pour suzerain le roi d’Espagne. Après l’annexion française, pendant plus d’un siècle, maints Francs-Comtois de tout rang se firent enterrer le dos tourné vers Paris afin de marquer leur fidélité posthume à la Monarchie hispanique. À la chute du Premier Empire, les puissances coalisées cherchent à réactiver cette vieille loyauté en créant entre janvier et juin 1814 un « État de Franche-Comté » dont la capitale siégeait à Vesoul et qui s’étendait aux départements du Doubs, de Haute-Saône, du Jura et des Vosges sans oublier les anciennes principautés de Montbéliard et de Porrentruy. Mais ce sera éphémère en raison des réticences du tsar Alexandre Ier, conseillé par le Savoisien Joseph de Maistre. Pétri de cet état d’esprit décentralisateur ancré dans les consciences, Proudhon reformule avec la grammaire de son temps (le socialisme industriel) réflexes subsidiaristes.

    Arnaud Guyot-Jeannin redéfinit à son tour une pensée clairement « traditionaliste-révolutionnaire [qui], loin de représenter un oxymore, consiste à défendre une doctrine salutaire en faveur des forces de la vie contre la culture de la mort ». L’auteur n’est ni passéiste, ni conservateur et encore moins réactionnaire. Il n’entend surtout pas garder ou figer le monde actuel. Il propose en revanche une vue du monde hiérarchisée et verticale. Ainsi rejette-t-il le mythe égalitaire. « L’égalitarisme engendre une compétition d’accession à l’égalité. Chaque homme veut être plus égal que son voisin. »

     

    Tradition contre Modernité

     

    À partir des traditions combattantes issues de la doctrine sociale de l’Église catholique, de la Contre-Révolution, du maurrassisme, du mouvement identitaire et du pérennialisme, l’auteur suggère une autre voie crédible capable de rejeter le primat de la Modernité, ce « un modèle de civilisation qui remonte historiquement à la Renaissance et au processus de sécularisation/laïcisation du christianisme ». Sous l’impulsion de quelle novation ? Il ne l’écrit pas, mais les historiens des religions l’ont désignée : la Réforme protestante, cette interprétation vétérotestamentaire du catholicisme. Ils auraient pu préciser que la réponse officielle de l’Église romaine au moment du concile de Trente (1545 – 1563) a donné la Réforme catholique, soit un palier supplémentaire vers la sécularisation des peuples européens. Plus loin dans le temps, le Grand Schisme d’Occident (1378 – 1417 ou 1422) a durablement meurtri la Chrétienté médiévale occidentale, fort bien affaiblie par la disparition des christianismes celtiques et de nombreux rites (dont le rite mérovingien), au point qu’une approche « ecclésiovacantiste » ne serait point superflue…

    Le problème porte sur la Modernité qui a tendance à évoluer (à muer ?) en Hyper-Modernité. « Les sociétés hypermodernes véhiculent, d’une façon parodique, des transcendances substitutives, tout au moins en Occident : celle de l’argent, de la technique et de la science. » Que répondre à ce défi existentiel ? Comment le relever ? Dans un entretien mis en ligne sur le site de la revue Éléments, le 8 novembre 2023, intitulé « Quoi de nouveau ? La Tradition ! » Arnaud Guyot-Jeannin estime que la Tradition comporte sa propre dynamique interne et qu’il importe que « d’éviter le piège consistant à reprendre des expressions hybrides qui ne veulent pas dire grand-chose comme d’éviter le piège consistant à reprendre des expressions hybrides qui ne veulent pas dire grand-chose comme “ l’archéo-futurisme “ ou “ le traditionalisme post-moderne “. Il ne peut pas y avoir de compromis entre la Tradition et la Modernité ». Il conteste un article de Pierre Vial de la fin des années 1980 qui saluait le maintien de l’esprit traditionnel dans le Japon moderne. La société nippone commençait à peine à verser dans les excès modernes. Pourquoi ? Parce que les Japonais tentent de compenser au quotidien la défaite catastrophique de 1945 et l’emprise étatsunienne sur des âmes en partie rééduquées qui en découle… Pour l’auteur de La Tradition sans complexe, « le capitalisme et les techniques modernes l’emportaient déjà sur les éléments traditionnels japonais. La vie traditionnelle était incluse dans l’entreprise à l’intérieur de laquelle la compétition marchande et la maximisation des profits étaient la loi : la loi du marché. On ne peut chevaucher la finance ! » François Hollande, sors du corps d’Arnaud Guyot-Jeannin ! Il est possible de la soumettre à la condition qu’elle réintègre le troisième ordre afin d’agir pour des desseins spirituel et/ou souverain transcendants.

     

    Quel dépassement possible ?

     

    La conciliation de la Tradition au sens d’habitudes ethno-culturelles entérinées au fil des âges et de la Modernité prise en particulier sur le plan technique se manifeste au Japon sous l’ère Meiji (1868 – 1912). Des essayistes d’une révolution conservatrice reprennent et affinent cette synthèse japonaise au cours des décennies 1920, 1930 et 1940. Pensons d’abord au nationaliste-révolutionnaire du Grand Japon Kita Ikki (1888 – 1937), au député du Parti social des masses Kawakami Jôtarô (1889 – 1965), à l’idéologue panasiatiste Kanokogi Kazunobu (1884 – 1949) ou à l’indianiste et islamologue Ôkawa Shûmei (1886 – 1957), conseiller influent du Parti patriotique du travail.

    En critique avisé du cinéma français qu’il apprécie entre les années 1930 à la fin des années 1970, Arnaud Guyot-Jeannin n’est-il pas un « traditionaliste moderne » qui utilise le téléphone, la radio et Internet ? Cet anti-moderne convaincu sait parfois transiger avec son temps.

    Il est regrettable que son abécédaire ne compte que quarante-cinq notices. Cela restreint le déploiement de sa réflexion. La notice polémique sur Charles De Gaulle reprend dans les grandes lignes De Gaulle. La grandeur et le néant de Dominique Venner. Celle sur le national-socialisme est affligeante. Elle s’apparente à une énième diatribe « antifa ». Remarque déconcertante de la part d’un tenant de la Droite intégrale (expression de Julius Evola bien connu pour son antifascisme militant). Il touche au contraire juste avec « les immigrés extra-européens [qui] sont déracinés et acculturés au modèle marchand occidental. Ils sombrent alors dans la délinquance, le métissage et l’anomie sociale qui peuvent se combiner à la pratique d’un islam mutant (islamo-racailles, talibanlieusards) ». On retrouve les mêmes méfaits chez les autochtones qui vivent dans la « France périphérique », car la césure assez récente d’ailleurs entre la ville et la campagne se comble sous l’impulsion de la rurbanisation et de l’étalement urbain. Le modèle républicain, stato-national, universaliste – individualiste et assimilationniste est un funeste ethnocide aussi bien pour les étrangers que pour les Français de racines albo-européennes. En fait, « l’identité nationale est complémentaire d’autres identités. Régionales et locales, elles sont l’expression de la belle diversité que manifeste la condition humaine ».

    Arnaud Guyot-Jeannin est aussi et surtout un Européen convaincu. Il désire « une Europe de la puissance et de la décroissance (on ne peut produire et consommer à l’infini dans un espace fini). Celle-ci doit être autocentrée, souveraine et possédant le sens des limites ». Seule l’appropriation de la Technique, son arraisonnement, dans une perspective traditionnelle peut réaliser cet objectif louable. La Post-Modernité tragique, communautaire et organique peut contrecarrer l’Hyper-Modernité à la condition d’associer dans une triade symbolique Apollon, Dionysos et Faust afin que la réponse post-moderne se fasse a-moderne.

    Arnaud Guyot-Jeannin, La Tradition sans complexe. Abécédaire et textes de l’Antimodernité, préface de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, postface de Denis Sureau, Éditions de la Nouvelle Librairie, coll. « Dans l’arène », 2023, 188 p., 15,50 €.

  • Le nouveau printemps nationaliste révolutionnaire

    Gabriele Adinolfi

    ja.jpgLa réaction émotionnelle n'est pas la seule explication des rues soudainement remplies dans diverses nations européennes. En Grèce, l'interdiction de commémorer les morts, assassinés en 2013. En Pologne, la menace d'une répression "antifasciste" lorsque le gouvernement de coalition progressiste sera mis en place. En Espagne, la profanation du corps et de la mémoire de José Antonio, la "ley de memoria" interdisant de se souvenir de toute œuvre espagnole entre 1936 et 1978, et enfin l'accord pour former un gouvernement de coalition entre Sanchez et les séparatistes basques et catalans, avec des hypothèses sécessionnistes. En Allemagne, l'interdiction de déposer des fleurs ou des bougies pour les morts du Putsch de Munich. 
    Le fait est que cela faisait de nombreuses années que les rues nationalistes-révolutionnaires n'étaient pas aussi remplies ; et si nous revenons en arrière dans nos souvenirs, à l'époque où elles se remplissaient, c'est à dire avant que les diverses formations se mirassent comme Narcisse sur les réseaux sociaux et s'y noyaiassent, nous ne trouvons pas autant de participation émotionnelle et non autoréférentielle. Elles défilaient surtout pour se montrer, en compétition avec les groupes rivaux qu'elles voulaient écraser en nombre et en image, toutes prises dans un tournoi dans un ghetto ; maintenant on observe une unité d'intentions, une participation impersonnelle au délà de sigles. En Espagne, pour retrouver un tel esprit, je dois remonter d'au moins quarante ans. Et que dire de Munich ? Où des groupes de deux, trois, quatre personnes se sont rendus au même endroit, à la même heure, pour un appel tacite que l'on pourrait définir comme religieux, sans savoir, ni peut-être imaginer, qu'il y aurait tant d'autres, de différentes nations, réunis au même instant par un impératif intérieur et sans avoir reçu de convocations de mouvements ou de partis.

    Merci à l'intelligence animale
    Une autre raison s'ajoute à la réponse émotionnelle de la fidélité. Elle réside dans l'intelligence animale qui précède toujours l'intelligence rationnelle et se développe dans tout type de collectif en réponse encore non consciente aux stimuli de l'environnement.
    Cette intelligence animale, en réaction aux échecs de la "politique" des droites terminales, a commencé à produire un résultat que j'ai commencé à remarquer il y a déjà quatre ou cinq ans dans le renouvellement générationnel. Ceux nés à partir du milieu des années 90 ont été obligés de se former seuls, ayant accès à Internet et devant donc sélectionner des références pour atteindre un objectif, sans avoir l'alternative paresseuse et rassurante de la formatage dans un siège, devenue depuis des décennies principalement un lieu de facho-consommation, où l'endoctrinement avait desormais adopté un schématisme stérile et superficiel, souvent déformé, dans la mentalité "révolutionnaire" parasitaire, où les "maîtres" n'avaient presque jamais été disciples de quelqu'un, et encore moins des nécessaires expériences de vie et de militantisme. Depuis que la "politique" mouvementiste et des partis n'a plus réussi à dissimuler sa crise. ceux qui se sont formés dans une certaine direction l'ont fait pas à pas, sans pouvoir feindre, sinon ils ne seraient arrivés nulle part, de sorte que lorsqu'ils y sont arrivés, ils savent pourquoi, et ce n'est pas rien. De plus, n'étant pas déformés par l'arrogance typique des groupouscules et des meutes, ils l'ont fait avec modestie.

    D'où la concrétude et la conscience
    L'échec des ghettos réactionnaires qui exhibaient des poitrines gonflées d'air était évident ; si l'on n'est capable de rien d'autre que de protester et de se poser en gardiens de la vérité (sur laquelle on n'enquête même pas, ne serait-ce que pour vérifier si on l'a comprise) ; si l'on n'est pas en mesure de se rapporter culturellement et politiquement aux gens à partir de positions de force morale et spirituelle et de former avec eux un peuple, on s'engage dans les délires apocalyptiques des irréductibles de l'artériosclérose.
    Si, en revanche, on ne craint pas le débat - à condition qu'il soit basé sur des points fixes et des principes non négociables - on produit des réalités et des faits. Et c'est désormais dans de nombreux pays européens une floraison discrète d'associations locales, de villes ou de quartiers, qui constituent une masse critique et qui opèrent avec succès tant du point de vue culturel que de l'intervention sociale, laquelle ne doit pas être confondue avec l'imitation de l'Armée du Salut, mais se concrétise par une organisation en soutien de certaines classes - comme, par exemple, les commerçants pendant la pandémie à Santander - et implique des enracinements locaux dans le désintérêt pour les querelles électorales dans lesquelles, le cas échéant, on raisonne de manière dialectique et en marge.

    Conscience et action
    En d'autres termes, l'intelligence animale a imposé partout un changement de registre qui a ensuite abouti à l'acquisition, toujours en cours, d'une conscience politique.
    La manière de se positionner, d'agir et d'interagir s'est adaptée à l'époque de la "société liquide" et du post-parlementarisme. C'est ce que quelques-uns d'entre nous anticipaient depuis plus de vingt ans et que l'on retrouve dans des documents politiques, dont certains, comme "Le api e i fiori" ou "Aquarius", ont été étudiés par certains des artisans du nouveau cours, certainement en Italie, en France, en Espagne et peut-être ailleurs.
    Mais il ne faut pas se méprendre : ce ne sont pas ces documents qui ont déterminé leur action, mais c'est leur action qui les a amenés à s'intéresser à ces documents qui ont une valeur précisément pour cela : en tant qu'outils adaptés à l'époque et à l'action, car ils sont toujours orientés vers la pratique.
    Une galaxie articulée est donc en train de s'étendre, dotée du réalisme de la transversalité, mais centrée humainement, émotionnellement et idéalement, issue d'un pragmatisme non opportuniste et imprégnée d'une hiérarchie à la fois ontologique et fonctionnelle, et donc non fossile. Ce qui n'est pas négligeable.

    La récupération de soi
    Au-delà de l'efficacité dans la verticalité, il y a une prise de conscience qui commence à se répendre, au moins à trois niveaux.
    Le premier est l'abandon du préjugé démocratique, avec la conviction que face au deep state et au lobbying, qui forment la structure fondamentale d'un système dont les politiciens ne sont qu'une enveloppe extérieure et conditionnée, ce qui compte, bien avant et plus que les élections, c'est la création de pouvoirs autonomes, tant au niveau local que dans la communication.
    Au deuxième niveau, il y a la constatation de devoir être toujours et de toute façon en troisième position.
    Il est désormais évident que la distance entre les programmes de droite et les solutions politiques, économiques et culturelles pouvant avoir une fonction stratégique est importante. De même, on note que, en ce qui concerne la politique internationale, avec la seule exception étonnante de l'Italie où la "ligne Mattei" est signée par la flamme, ce sont les gauches qui adoptent la position la plus acceptable, mais en même temps - comme si nous étions en présence de la raillerie d'un prestidigitateur - tout ce qui concerne les questions intérieures et l' "ingénierie sociale" de la gauche est dégradé, indécent et à combattre.
    Enfin, il y a la conscience de l'idée de l'Europe, d'être littéralement l'Europe, un idéal, voire une foi, qui a repris de la vigueur, laissant derrière elle les poids morts du souverainisme qui ne parviennent plus à contrer la ligne national-révolutionnaire.
    Il y a encore deux ans, cela semblait être un rêve.
    En d'autres termes, nous assistons à la récupération des catégories du politique, généralement abandonnées depuis au moins quarante ans, mais - contrairement à ce qui s'est passé dans l'euphorie de l'ouverture après la chute du Mur - cela ne remet pas en question les bases idéales et la tradition national-révolutionnaire, ce qui est très, très important.

    La droite terminale se retire
    "Adieu à la droite terminale", j'écrivais il y a un an. Maintenant, nous pouvons le réaffirmer car elle est vraiment en train de s'estomper, face à la constitution désormais naturelle d'une nouvelle - et ancienne - vision national-révolutionnaire qui fait justice de toutes les horreurs.
    Espérons maintenant dans les accélérations déclarées de Sunset Boulevard, si en vogue en ces jours, où des baby-boomers non réalisés, à la fois en tant que révolutionnaires et en tant que forces gouvernementales, essaient de s'accrocher aux infantilismes désormais devenus séniles dans la vaine illusion de flotter sur des vagues qu'ils ne sont pas capables de chevaucher. (On fait réference à la fusion possible entre l'anciene du Msi et maire de Roma Gianni Alemanno et le communiste Marco Rizzo et, en général à la nuovelle lubie rouge-brune)
    Laissons-les élever la voix et proposer des engagements farfelus pour le "Sud global" ou pour "l'Unité post-idéologique" où ils aimeraient s'embrasser avec d'autres baby-boomers rouge-pâle dans ce qui est en fait l'arrêt où, comme le notait l'intellectuel et chanteur Giorgio Gaber, "se rencontrent tous ceux qui ont raté le bus" et qui, comme eux, cherchent de nouveaux maîtres qui pourtant se fichent éperduement de leur existence.
    Il n'est pas fortuit que l'échec de la droite terminale ait produit simultanément deux tendances aussi opposées, l'une qui associe la radicalisation historique, mythologique et doctrinale à un vitalisme pratique renouvelé et inovateur sans complexes, et l'autre qui délire sur des fuites "en avant", ce qui signifie en réalité sur le côté, en arrière et dans le vide. Il est fonctionnellement nécessaire que cela soit ainsi, car face à la première s'ouvre une autoroute que l'on commence déjà à entrevoir et que nous parcourrerons joyeusement.