Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les lansquenets d'Europe - Page 9

  • Henri Verneuil, observateur attentif des arcanes politiques

    Né en Turquie en 1920 dans une famille arménienne rescapée du génocide de 1915, Achod Malakia grandit en France. Adulte, il se passionne pour le cinéma et devient sous le nom d’Henri Verneuil l’un des plus grands réalisateurs français du septième art avec des films tels La Vache et le Prisonnier (1959), Un singe en hiver (1962), adapté du roman éponyme du « Hussard » Antoine Blondin, Le Clan des Siciliens (1969) ou bien Peur sur la ville (1975).

     

    Sa filmographie aborde de nombreux sujets, y compris politiques. En 1976, Le Corps de mon ennemi avec Jean-Paul Belmondo et Bernard Blier décrit à la fin des « Trente Glorieuses » socio-économiques les crapuleries politiciennes, sexuelles et affairistes dans une ville moyenne du Nord de l’Hexagone. En 1982, Mille milliards de dollars avec Patrick Dewaere dénonce l’emprise des multinationales, rappelle l’aide que de grandes entreprises ont apportée à l’Allemagne nationale-socialiste balbutiante et désigne déjà les méfaits de la mondialisation.

     

    Bien que leur histoire respective soit différente, deux autres films « politiques » d’Henri Verneuil retiennent l’attention pour leur incursion dans l’arrière-cour de la vie politique nationale.

    L’ombre financière

     

    par Georges Feltin-Tracol

     

    presidentaffiche.jpgAdaptation d’un roman de Georges Simenon, Le Président sort en 1961. Le rôle-titre concerne l’ancien président du Conseil, Émile Beaufort qu’interprète Jean Gabin. Retiré des affaires publiques, il suit toujours la vie politique. Au cours d’une énième crise ministérielle, il apprend que Philippe Chalamont (joué par Bernard Blier) est pressenti pour devenir le prochain chef du gouvernement.

     

    Philippe Chalamont, de centre-droit libéral-conservateur, ne lui est pas inconnu. Il a été son directeur de cabinet. Lors d’une crise monétaire, Beaufort et ses ministres préparent une série de contre-mesures parmi lesquelles une forte dévaluation. Or Chalamont en parle à son épouse, elle-même fille d’un grand banquier qui profite de l’information pour gagner une fortune et faire perdre en même temps à la France des milliards. Découvert, Chalamont doit rédiger une lettre; il y reconnaît sa responsabilité dans cet échec. Émile Beaufort conserve en lieu sûr ce papier compromettant pour la carrière politique de son ancien collaborateur.

     

    Bien que sorti dans la quatrième année de la Ve République gaullienne, Le Président plonge le spectateur dans l’ambiance viciée des IIIe et IVe Républiques parlementaires bavardes, pontifiantes et instables. Émile Beaufort semble condenser les personnalités de Georges Clémenceau (1841 – 1929) et d’Aristide Briand (1862 – 1932). Henri Verneuil en a écrit le scénario en compagnie de Michel Audiard. On sait que ce dernier a donné pendant la Seconde Guerre mondiale des articles à L’Appel, le journal de Pierre Costantini, chef de la Ligue française d'épuration, d'entraide sociale et de collaboration européenne (dite « Ligue française »). Il n’est donc pas anodin que ce film insiste sur les interférences de la Haute-Banque sur les institutions.

     

    Contre l’Europe des trusts

     

    La « patte » d’Audiard se déploie surtout dans la scène centrale du film. En séance au Palais-Bourbon, Émile Beaufort propose aux députés de ratifier l’union douanière européenne. Philippe Chalamont s’y oppose violemment. « Tout le monde parle de l’Europe, lance Émile Beaufort. Mais c’est sur la manière de faire cette Europe que l’on ne s’entend plus. C’est sur les principes essentiels que l’on s’oppose. Pourquoi croyez-vous, messieurs, que l’on demande au gouvernement de retirer son projet d’union douanière ? Parce qu’il constitue une atteinte à la souveraineté nationale ? Non, pas du tout. Simplement parce qu’un autre projet est prêt. » Il poursuit aussitôt que « ce projet, je peux d’avance vous en dénoncer le principe. La constitution de trusts horizontaux et verticaux et de groupes de pression qui maintiendront sous leur contrôle non seulement les produits du travail, mais les travailleurs eux-mêmes. On ne vous demandera plus, messieurs, de soutenir un ministère mais d’appuyer un gigantesque conseil d’administration. ». Devinant que l’assemblée va refuser son projet et voter la censure de son renversement, Émile Beaufort accuse chaque député de l’opposition de se commettre avec les groupes économiques, financiers et marchands.

     

    L’ombre du « Cartel des forges » et des « Deux cents familles » plane alors sur l’hémicycle. Le président Beaufort se fait plaisir en jouant sur les collusions ou les paradoxes. Il s’adresse par exemple au député Valimont et lui demande : « Comment pouvez-vous concilier votre fonction de député catholique démocrate avec votre métier d’avocat d’une grosse banque israëlite ? » Avant d’ajouter « simplement une légère contradiction dans les termes. Enfin. Puisqu’elle ne vous apparaît pas... Je suis certain qu’elle n’apparaîtra pas non plus pour des raisons similaires à Monsieur Audran de Hauteville qui défend avec talent d’ailleurs la cause du désarmement et dont la famille fabrique depuis plusieurs générations des armes automatiques de réputation mondiale ».

     

    Le discours d’adieu d’Émile Beaufort est visionnaire. Il avertit l’émergence d’une « Europe sans rivages » (titre d’un ouvrage de l’économiste anti-conformiste François Perroux en 1954) aux mains du pouvoir économique. Le Président est par conséquent un film profondément européen qui s’élève déjà contre la supercherie intégrationniste euro-atlantiste de Jean Monnet. Dans la préparation des diverses versions du plan Fouchet (1961 – 1962) sur une confédération des États européens, le locataire de l’Élysée a certainement apprécié les sous-entendus...

     

    Psycho-sociologie d’un meurtre politique

     

    En 1979, Henri Verneuil réalise I… comme Icare sur une musique d’Ennio Morricone. Dans un pays imaginaire qui ressemble aux États-Unis d’Amérique, le président réélu Marc Jarry est assassiné le jour de son investiture, le 22 mai 1977. L’auteur de ce crime, Karl-Éric Daslow, se suicide ensuite dans l’ascenseur. En réalité, il est tué après avoir découvert que son arme n’était pas chargé et qu’il a entendu d’autres détonations.

     

    Une commission spéciale d’enquête sur cet attentat est créée. Sous la direction de Frédéric Heiniger, le président de la Haute-Cour de Justice, elle se compose du directeur des services secrets, du ministre de la Justice, d’un sénateur, d’un général et d’un magistrat. Or le jour de la publication finale du rapport qui aboutit au terme d’un an de recherches que Daslow a agi seul, le procureur Henri Volney (Yves Montand) refuse d’entériner ces conclusions et décide de reprendre toute l’enquête avec ses quatre assistants.

     

    Les scénaristes (Henri Verneuil et le romancier Didier Decoin) s’inspirent de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy en 1963 à Dallas. D’ailleurs, Daslow est l’anagramme d’Oswald. Les scénaristes adhèrent à la thèse du second tireur. En examinant de nouveaux clichés, l’équipe du procureur remarque que neuf témoins regardent au moment des tirs fatidiques vers une autre direction. Huit se sont manifestés auprès des services de la commission d’enquête qui ont écarté leurs témoignages jugés imaginatifs ou préconçus. Tous disparaissent de façon plus ou moins violente dans les trimestres suivants. Seul vit le neuvième témoin, anonyme, car il ne s’est jamais manifesté.

     

    Le procureur Volney comprend peu à peu que Karl-Éric Daslow a été manipulé. Il se rend à l’université fictive de Layé où l’assassin présumé a participé à une expérience qui exprime son plus grand respect pour l’autorité. La célébrité du film repose en grande partie sur la séquence de l’expérience du psychologue Stanley Milgram sur l’acceptation de l’obéissance. Un cobaye doit administrer des décharges électriques (fictives, mais il ne le sait pas) de plus en plus fortes à une personne (un acteur professionnel qui simule la souffrance) qui n’arrive pas à mémoriser une liste de mots. Comme le dit Henri Volney à la fin de l’expérience à laquelle il a assisté avant de tardivement s’en indigner, « ce qui signifie que dans un pays civilisé, démocratique et libéral, les deux tiers de la population sont capables d’exécuter n’importe quel ordre émanant d’une autorité supérieure ». Édifiant constat psycho-sociologique ! Le film pose très justement la question du consentement à l’exécution d’un ordre, même illégal. Il devrait figurer en bonne place dans la vidéothèque de tout bon militant libertarien...

     

    Une machination d’une partie de l’État

     

    Le procureur Volney ordonne l’effraction de l’appartement de Richard Mallory, le chef des opérations spéciales des services secrets. Les cambrioleurs tombent par hasard sur des cassettes audio codées. Avec l’aide d’un appareil spécial, le magistrat parvient à déterminer la bonne fréquence et à écouter les messages. Un groupe clandestin informel nommé Minos (réminiscence du tueur en série psychopathe dans Peur sur la ville ?) déstabilise depuis 1971 – 1972 le Tibéria, un pays de langue espagnole peut-être situé en Amérique latine. Des organisations criminelles participent à ces manœuvres clandestines. La première tentative, dite « opération Zénith 1 », échoue et Bonavas accède à la présidence. Minos déclenche ensuite une nouvelle opération, « Zénith 2 », d’une durée de quatre ans. Pendant ce laps de temps décline la popularité du président Bonavas. Sa politique d’austérité échoue, suscite des émeutes meurtrières (300 morts) dans la capitale, Kawar, et met le pays au bord de la guerre civile. Finalement, l’avion présidentiel explose en plein vol; c’est bien sûr un accident. L’obligé de Minos, Cisco, en tant que candidat unique, devient le nouveau dirigeant. L’allusion aux événements du Chili, à la chute du président socialiste Salvador Allende et au coup d’État du général Pinochet, le 11 septembre 1973, est flagrante.

     

    Henri Volney est en passe de lever un terrible secret d’État d’autant qu’une nouvelle opération, baptisée « I comme Icare », serait en cours. Il apprend par téléphone la nomination de Richard Mallory à la direction des services secrets. Tel l’évadé du labyrinthe de Minos, Icare s’approche trop près du Soleil, symbole de vérité, et voit fondre ses ailes en cire, ce qui le fait choir dans la mer. Un tireur d’élite abat le procureur à l’aube. Reflet de son époque, le film témoigne d’une grande candeur en matière de sécurité. Le bureau d’Henri Volney se trouve dans un étage supérieur d’un immeuble. De grandes baies vitrées sans rideau, ni volet, rendent les pièces visibles de l’extérieur. Aujourd’hui, un magistrat travaillerait dans une pièce close en sous-sol. Quant à Mallory, il vit dans un immeuble collectif résidentiel, ce qui relève, même pour l’époque, de l’invraisemblance.

     

    Bien que le terme ne soit pas encore popularisé dans l’opinion, I… comme Icare s’intéresse aux manœuvres sordides de l’« État profond ». La déstabilisation du Tibéria suppose de solides connexions et de fortes connivences entre des groupes de pression économiques, la pègre, quelques réseaux dans les services secrets et certains milieux gouvernementaux. Henri Verneuil joue avec brio sur la théorie du complot à un moment où le « conspirationnisme » ne porte guère.

     

    Le Président et I… comme Icare éclairent donc deux facettes complémentaires des arcanes de la politique. Ils forment une dimension malaisée qui, tapie dans les coulisses du pouvoir, influence les personnalités publiques et édifie une trame bien différente du récit officiel colporté par les moyens ultra-modernes d’information de masse.

    IcomeIcare.jpg

  • Retour sur un film rétro-futuriste

    Dune.jpegIl y a des films qui ruinent leurs producteurs parce qu’ils ne rapportent pas les sommes escomptées. Des critiques les flinguent volontiers. Or, avec le temps, ces films si détestés à leur sortie trouvent un nouveau public qui les apprécie et en fait des œuvres « cultes ».

    C’est le cas pour Dune de David Lynch (1984). Ce film de science-fiction a été un échec commercial cinglant au point que le réalisateur ne souhaite plus en entendre parler. Il l’a presque renié d’autant qu’existent trois versions différentes disponibles à partir de montages plus ou moins variables. La version la plus longue est diffusée à la télévision en 1999. Pour la circonstance, David Lynch exigea un pseudonyme afin de montrer sa désapprobation. Cette version demeure toutefois la plus fidèle au premier volume de Frank Herbert. Son cycle rédigé entre 1965 et 1985, composé de six livres, pouvait-il être adapté pour le septième art ?

    Aujourd’hui, la série littéraire Dune forme une somme d’ouvrages considérables que la mort de son auteur en 1986 n’a pas arrêté. En effet, son fils, Brian Herbert, assisté de Kevin J. Anderson, a puisé dans les nombreuses notes et mis la main sur des manuscrits inédits qu’ils ont parfois retravaillés ou achevés. Désormais constitué d’une vingtaine de titres, l’ensemble forme une fresque héroïque gigantesque qui ressemble aux « Matières » médiévales (la Matière de Bretagne avec le roi Arthur, les chevaliers de la Table Ronde, la quête du Graal, Tristan et Yseult) bien qu’on puisse aussi y voir une parodie plus ou moins spiritualiste.

    Guerre pour une ressource stratégique très rare

    Le film condense l’intrigue arborescente de l’épopée. L’action se déroule en l’an 10191 dans un univers soumis à la volonté implacable de l’Empereur Padishah Shaddam IV. Il règne sur des institutions spatio-féodales. Son empire comprend quelques Maisons majeures qui s’affrontent pour le pouvoir. Le plus violent contentieux oppose les Atréides aux Harkonnen. Organisant une armée disposant d’une redoutable arme secrète basée sur le son de la voix, le duc Leto Atréides reçoit de l’Empereur un cadeau empoisonné, à savoir un nouveau fief, la planète Arrakis aussi appelée Dune. Jusqu’à ce don, elle appartenait aux Harkonnen.

    Arrakis est une planète aride et désertique infestée de vers géants des sables. C’est la seule planète de l’Univers capable de produire l’Épice, une substance qui élargit la conscience et qui plie l’espace-temps. La Guilde spatiale des Navigateurs en a l’exclusivité d’usage. Ses membres, éternels et mutants, assurent grâce à sa consommation un voyage interstellaire immédiat. Ses meilleurs navigateurs sont aussi capables de précognition.

    Cette corporation se révèle indispensable pour traverser l’espace sans recourir à la mécanique. La technologie y est en effet limitée et presque bannie. Quelques siècles auparavant, le Jihad butlérien fut la grande révolte des organismes vivants contre les « machines pensantes » et leurs éléments cybernético-informatiques. Le mentat remplace l’ordinateur; cet individu stimule ses incomparables facultés cognitives en buvant du jus de sapho, d’où des lèvres rougeâtres caractéristiques.

    La technique persiste néanmoins. Giedi Prime, la planète des Harkonnen, se couvre d’impressionnants paysages industrialisés au ciel obscurci par la faible luminosité de l’astre local. Le contraste est saisissant avec Caladan, la planète des Atréides, occupée par d’immenses océans tempétueux aux violentes précipitations orageuses et venteuses incessantes.

    Le duc Leto investit l’exact contraire climatique de son monde natal. Le rôle de Leto Atréides revient à l’acteur allemand Jürgen Prochnow, connu pour être le chef du sous-marin de la Kriegsmarine dans Le Bateau (1981) et le général russophone rouge-brun Ivan Radek dans Air Force One (1997). En parallèle au déploiement de ses troupes, il emmène avec lui sa concubine officielle, Dame Jessica, et leur fils Paul. Jessica appartient à l’Ordre sororal du Bene Gesserit. Aptes à lire dans les pensées et à manipuler leurs interlocuteurs, ces femmes souvent perçues comme des sorcières s’adonnent depuis des générations aux manipulations génétiques sur des lignées prestigieuses. Elles désirent trouver, produire ou engendrer un être extraordinaire : le Kwisatz Haderach, un terme hébraïque d’origine kabbalistique.

    Une guérilla messianique

    Jessica aurait dû donner une fille au duc Leto. Celle-ci aurait ensuite épousé Feyd Rauth Harkonnen, très mal joué par le chanteur britannique Sting qui fit ainsi une brève carrière cinématographique. Quand les Harkonnen reprennent par traîtrise et avec l’aval de l’Empereur Dune, ils éliminent le duc Leto. En revanche, Jessica et Paul se sauvent et se réfugient dans le Désert intérieur. Les autochtones de la planète, les Fremen (les Free men ou « hommes libres »), de redoutables guerriers, les accueillent. Une nouvelle fois enceinte du défunt duc, Jessica met au monde une fille, Alia, qui dispose dès sa naissance des facultés parapsychologiques des Révérendes Mères du Bene Gesserit.

    Épris de la Fremen Chani (l’actrice Sean Young entrée dans la légende du cinéma pour son rôle de Rachel dans Blade Runner de Ridley Scott en 1982), Paul Atréides devient à son tour un Fremen aux yeux bleus du fait de l’atmosphère d’Arrakis saturée d’essence d’Épice. Paul prend pour nom secret tribal Usul. Il se fait principalement connaître sous le nom de Muad’Dib, en référence à la silhouette de la souris des sables visible sur la seconde lune de Dune. Chef de la révolte, Paul gagne en buvant l’Eau de la Vie une puissance redoutable qui en fait le messie des Fremen et le Kwisatz Haderach tant attendu. Il soumet finalement l’Empereur lui-même, car il contrôle la production de l’Épice. Victorieux et pour des raisons strictement politiques, Paul Muad’Dib se marie avec la princesse Irulan, la fille de Shadam IV, mais il garde Chani comme sa maîtresse officielle (C’est dans la version longue télévisée).

    Avant de délaisser Caladan, les unités combattantes des Atréides portent un uniforme qui rappelle celui des soldats austro-hongrois au début du XXe siècle. Si leur emblème est un faucon rouge, leur étendard échancré consiste en deux grandes bandes horizontales verte et noire. Ces quelques éléments du décor donnent à ces scènes une vraie patine rétro-futuriste. Autre exemple rétro-futuriste pendant l’attaque finale des Fremen sur Arrakeen, la capitale d’Arrakis, l’Empereur et son état-major observent la bataille assis autour d’un périscope tournant. Le « rétro-futurisme » fait le charme de Dune.

    La série épique de Dune repose sur de profondes considérations écologiques, spirituelles, anthropologiques, politiques et sociologiques, voire économiques. Le film de David Lynch ne pouvait pas rendre toute la richesse imaginée dans cette fresque futuriste du XXe siècle. Les interprétations divergent sur la finalité de ce long métrage. Une lecture traditionnelle est envisageable. Quand Paul Atréides devient le maître de guerre des Fremen, on peut y déceler une allusion implicite à la Tradition primordiale avec Caladan, un monde liquide agité - matrice d’un destin à venir (advenir ?) - qui, face au péril ontologique des Harkonnen (la Modernité néo-industrielle) et de la collusion du système impérial (représentation de la Décadence), s’allie aux Fremen, incarnation d’un archaïsme enraciné, martial et communautaire.

    En buvant l’Eau de la Vie sans mourir, Paul Atréides Muad’Dib termine son initiation (contre-initiation ?) et entre dans une surhumanité complète. Son esprit d’être exceptionnel supplante dorénavant toute matière. Regardons donc Dune de David Lynch d’un œil différent. On y lira une ode à la survie, à la pérennité et à la reconquête de… soi-même afin de réaliser son grand œuvre destinal.

    Georges FELTIN-TRACOL

  • IMPERIUM

    Concept lansquenet traduit en ukranien

    a.jpegІмперія була не тільки джерелом і атрибутом військового командування в
    Стародавньому Римі, але також була свого роду осьовою прерогативою, такою ж,
    як меч, фас і скіпетр, які разом представляли вісь усього світу. Спочатку це було
    міцно пов’язано з жезлом ліктора в Стародавньому Римі, коли «бути королем»
    означало насамперед бути королем (Rex) і священиком (Pontifex); свого роду
    сполучною ланкою між видимим і невидимим, але перш за все міцною і важливою
    опорою, наріжним каменем нашого світу.

    Кожен, хто заволодівав Імперією, також отримував певні чудесні та надприродні
    здібності, про які Юліус Евола писав: «Це дозволяє речам переходити з царства
    можливостей у царство існування, чи то для перемоги у війні, чи для родючості, або
    для впорядкованої послідовності пір року. Саме від Імперії походить Влада. Здається,
    що ці поняття в першу чергу тісно пов’язані з функцією та сутністю дієслова augere
    (augeo, es, auxi, auctum, augere), що просто означає «збільшувати» (багатство,
    здоров’я, родючість тощо). Наприклад, від нього походить титул Август, яким
    Октавіан проголосив себе в 27 р. н. Зараз європейська історіографія вважає
    Октавіана засновником першої імперії. Однак Август у цьому випадку був лише
    прикметником і писався як: «Augusto Agurio Roma Condita».

    У Mому, що ми б назвали фундаментом ідеї імперії, Август здійснив піднесений
    вчинок; пов’язуючи «урбські» традиції з необхідністю визначити якусь універсальну
    центральність. Надихаючись фігурою дволикого бога Януса, прийомний син Юлія
    Цезаря зміг нерозривно поєднати дві різні людські потреби. Він робив це через звичку
    постійно шукати центр у всіх можливих справах. Завдяки реформі консульства, яка
    де-факто залишалася в силі протягом усього існування імперії, і заснуванням посади
    принцепса, який спочатку був просто трибуном з розширеними повноваженнями,
    Октавіан виправдав очікування, які тоді ставив перед ним Рим. Універсалістські
    очікування, однак, виправдалися, коли принцепс став божественною істотою (лат.
    Divus), що забезпечило священний світовий порядок, який був водночас єдиним і
    диференційованим, де могли існувати всі можливі творіння; боги і закони, які
    користувалися великою свободою, якщо вони не порушували lus. До речі, тут варто
    зауважити, що слово Ius асоціюється з дієсловом iubere (iubeo, es, lussi, iussum iubere),
    яке, порівняно з дієсловом imperare, вказує на зовсім інше значення наказу, порядку та
    утилізуючи його. Це так звана законодавча мудрість, яка походить безпосередньо
    від Імперії.Це особливості римського Імперіум. Особливості, які передували йому історично,
    оскільки вони були присутні як у римській монархії, так і в Республіці; вони сильно
    відрізняються від усіх пізніших лише натхнених ними форм навіть у випадку
    відповідності приписуваних титулів (і німецький кайзер, і російський цар походять від
    Цезаря). Це риси, які сильно відрізняють Імперію від колоніалізму та імперіалізму,
    оскільки останні мають тенденцію стандартизувати все, до чого торкаються, тоді
    як Імперія, навпаки, забезпечує, захищає та посилює всілякі особливості у своїх
    кордонах.

    Це відрізняється з релігійної, культурної, моральної і навіть соціальної точки зору,
    тому що в самій суті Імперії закладена концепція так званого цезаризму, яка
    передусім базується на зв’язку між титулом трибуна, імператора та народу , який
    зосереджується головним чином на захисті слабших і немічних.

    Отже, продовжимо далі з цього пункту, щоб якнайкраще відповісти на дві головні
    потреби нашого часу; зовнішні та внутрішні потреби. Наша головна зовнішня
    потреба зараз — знайти «історичний» вихід із нинішньої цивілізаційної кризи та
    кризи ідентичності в Європі.

    Під «історичним виходом» я маю на увазі головним чином те, що він обов’язково
    повинен бути ідентифікований і винайдений у потоці, в потоці нашої епохи, і в
    вимогах і потребах, пов’язаних з нею. Нинішня динаміка, очевидно, є домінуючою, що
    має виражатися в повазі до неї, а не через пасивний опір чи ностальгічний спогад про
    те, що колись було. Така ситуація є не що інше, як заклик до примусової зміни
    значення символів та подій, якщо ми вважаємо, що вони зараз йдуть не так, як мали
    б.

    Епоха глобалізації: глобалізм, потрясіння, злиття культур, транскордонні та
    транснаціональні відносини, безумовно, стане ерою імперіалізму (або імперіалізмів,
    пов’язаних в єдине ціле й активну систему), який з часом змете всі інші свободи. ,
    ідентичності та всі відмінності в ім’я піднесення відмінностей і злиття їх в одну
    велику будівлю, засновану на желатинових основах, просочених конформізмом. Як у
    сенсі проявлених звичаїв, костюмів, так і жорсткості етики, етосу та правил
    звичайної поведінки.

    Яка тут наша альтернатива? Є лише одна: Імперія.Коли ми говоримо «Імперія», ми не обов’язково маємо на увазі конкретну і точну
    політичну форму, а скоріше ми говоримо про відновлення справжньої імперської осі з
    усіма її первісними привілеями без винятку.

    Немає іншого способу створити легітимну альтернативу технократичному та
    бюрократичному монстру, ніж вирівняти федералізм із його основами та створити
    в Європі закон, який, в ім’я Auctoritas та Імперії, може бути єдиним, здатним
    відповісти на неминучі вимоги, висунуті нами з настанням ери континентальних
    союзів, нульового часу, супутників тощо, покращуючи всі характеристики нашого
    континенту.

    Але як?
    Ми не обов’язково пропонуємо тут формально проголошену Імперію з одним чітко
    визначеним Імператором, який би правив усіма нами. Скоріше йдеться про
    необхідність слідувати певним вказівкам, які потім дозволять нам створити наш
    власний Фундамент, щоб ми могли відстежити Mundus і встановити міцний
    Порядок.

    Щоб належним чином виконати це починання, ми повинні відновити зв’язок з річкою
    історії, яка безперервно тече з 476 року. Саме тоді останній римський імператор
    Ромул Агустул був змушений віддати трон Одоакру, потім відомому як король
    Герулі. Насправді, однак, він був просто лідером іншого германського племені, в якому
    Одоакр виконував функцію Одовахкра (що перекладалося як: «Великий майстер»).
    Відтоді Імперія непомітно продовжувала цю спадщину, яка згодом перетворилася на
    вісь гібелінів. Це нерозривно пов'язувало Рим і його протоісторичних предків
    германців, які сприйняли всі імперські цінності. Вони почали виражатися протягом
    століть, від Константинополя до Санкт-Петербурга, від Відня до Берліна, через
    наполеонівський Париж, можливо, у менш галасливий спосіб, але все ж надзвичайно
    солідний і стійкий.

    Тому піднесення та посилення імперської осі означає перш за все визнання
    доісторичних та історичних зв’язків між різними полюсами Європи, щоб вони могли
    почати розвиватися одночасно, залишаючись відокремленими один від одного. З
    такого знання і з такого визнання прийде вміння незмінно займати певні позиції,
    відкидати часткові чвари та не повторювати дрібнобуржуазного шовінізму, щотільки йде на користь усякого імперіалізму, жодним чином не зміцнюючи власні сили,
    єдність, автономію і, можливо, насамперед свободу.

    Імперське, але не імперіалістичне бачення Європи передбачає, перш за все, бажання
    зміцнювати власну владу та уявляти її експансію як на схід, так і на південь, не
    втрачаючи її значення. Якщо це бачення починається з усвідомлення його
    справжнього походження та коріння в концепції Міфу; воно також визначить межі
    ідентичності та спорідненості, розпізнає контури емпатії та антипатії, які не
    можуть бути довільно визначені індивідуальними прихильностями дифузного его, а
    лише тим, що насправді є і що має бути.

    Далі ми можемо зосередитися на створенні та розробці рішень, щоб уникнути
    поточної кризи. У цьому тексті не місце для пропозицій, які ми вже кілька разів
    детально обговорювали і які, ймовірно, ніколи не припинимо постійно оновлювати.
    На цьому етапі варто зосередитися насамперед на самих основах. Мислити з
    імперської точки зору означає зосередити свої зусилля на внутрішній осьовості, яка
    завжди має бути присутньою в нас самих, оживленою ідеями історичної
    трансцендентності, а не лише героїчної, що походить від наших індивідуальних
    ідентичностей, які зливаються, але не зливаються в єдине ціле. як сказав би Екхарт.
    Вони роблять це лише нагорі, роблячи нас людьми з вершини, а не просто
    поглинаючими особами. Якщо це передумова, бо, чесно кажучи, я не бачу інших, які б
    не потрапили в пастку Хаосу, тоді виходить, що імперська перспектива також
    означає автономію та свободу.

    Якість вказує на те, що є; до буття і субстанції. Усі ці ідентичності: соціальна,
    культурна, антропологічна, кланова, племінна, регіональна та національна,
    здебільшого виражаються в рисах чи прерогативах. Імперська логіка, за своєю
    природою антизрівнялівка та антистандартизація, гарантує не тільки захист усіх
    індивідуальних характеристик своїх підданих, але навіть їхнє піднесення. Таким
    чином, і націоналізм, і регіоналізм найбільш сумісні та безпечні на цьому рівні. Ці ідеї
    не виживуть сьогодні у своїй найпоширенішій формі, що означає або захист
    економічних інтересів одна від одної, або втечу назад в історію через страх літати.
    Вони можуть підтвердити своє відродження в переможному менталітеті
    самовпевнених ідеалів, які гармонійно відповідають один одному, не відмовляючись
    від власної сутності.

    Імперське бачення, з іншого боку, є єдиним, що може гарантувати виживання
    національної єдності в той час, коли національні держави починають відмирати,
    оскільки воно гарантує, що ця єдність, яка зараз втрачена між тим, що вкорінене, і
    тим, що не інституціоналізовано, не потрібно буде склеювати і перебудовувати за
    допомогою якихось «Кодексів громадянства». До речі, у постякобінську добу навітьрегіони з минулим і специфічними особливостями, а не звичайні адміністративні
    регіони, не можуть безпечно жити, культивуючи свою національну ідентичність, не
    боячись, що врешті-решт їм буде відмовлено в ній і будуть змушені її зректися. В
    імперській свідомості кожна якість може бути представлена та визнана на різних
    рівнях – без необхідності посилатися або протиставлятися одна одній. Регіональне,
    національне, імперське – це різновимірні поняття, які доповнюють одне одного
    навіть у кожному з нас.

    Внутрішня вісь з'єднує всі частини штока ліктора між собою. На цьому рівні
    усвідомлення та дисципліни немає потреби в поширенні кодексів, правил і заборон,
    які повторюються знову і знову в неможливій спробі об’єднати розрізнені частини
    цивілізації, що перебувають у кризі сенсу.

    Логіка, яка тримає разом окремі компоненти, є тією ж логікою, що тримає разом
    Імперію. «Максимум свободи, максимум відповідальності». Це незмінно гарантує
    автономію. Автономія тут буквально означає позбавлення від закону, який був би
    шкідливим і руйнівним, приреченим на анархію в результаті відсутності
    усвідомлення принципів, цінностей, етики та духовної ієрархії, яка диктує закон у
    правильний спосіб. Сьогодні, як не парадоксально, без автономії моральна анархія і
    несправедливість на всіх рівнях імперії неминучі.

    В епоху нестримного конформізму, коли правила не виражають право, а
    перетворюються на закони, які прагнуть бути однорідними, стає очевидним, що
    вони загрожують ідентичності, свободі, економіці тощо. Це створює невпевнений,
    штучний, невротичний і неспокійний організм. Відреагувати на цю закономірність
    можна лише двома шляхами: дотримуючись у цьому аспекті старих звичок, що
    означає поступову, але невблаганну тенденцію до розорення, або організовуватися
    локально: як клас чи соціальна категорія. Імперська ідея, не лише концептуально, а й
    історично, завжди сприяла і може лише заохочувати автономію, на противагу
    імперіалізму, який, порушуючи саму назву, створює лише однорідні клітини, які
    щонайбільше повторюють ціле. Імперська ідея за своєю суттю диктує таку лінію,
    яка дозволяє місцевим структурам і відносинам розвиватися органічно і гармонійно,
    а не атомізовано і атрофічно, як у часи Глобалізації. Також щодо цієї теми у нас є ряд
    детальних пропозицій, які будуть обговорюватися в іншому місці.

    Нарешті: тіло. Органічне суспільство, з яким тісно пов’язаний імперський ідеал, не
    складається з індивідів і мас, ні масових індивідів, ні безформних соціальних класів,
    нагромаджених один на одного, які черпають свою силу лише з брутальних
    елементів, пройнятих негативним духом. Воно виникає через пропозицію та
    здатність створити Організм, «Тіло», від якого походять слова корпорація такорпоративізм, точне значення якого є повною протилежністю тому, що зараз
    розуміється під ним, як нав’язане нам нашими противниками. . Все це не має бути
    гіпотезою, створеною самою собою, побудованою на основі теорій статі та
    громадянства, а окремою особистістю, тісно пов’язаною зі своєю спадщиною та її
    законною роллю, інтерпретованою не в чисто функціональному сенсі, а як частину
    космічної гармонії. Це альтернатива всім формам матеріалістичного комерціалізму,
    які існують зараз.

    Імперський ідеал не можна сформулювати шляхом приєднання до Імперії, Autocrita ,
    Якості та Автономії, але через можливість сформувати органічне суспільство, у
    буквальному значенні, яке нав’язує слово Societas (як набір союзників) та учасників
    Спільноти Органічної Долі. Зверху донизу, від влади до економіки, від
    територіального до національного, імперський ідеал викриває, пропонує і хоче
    нав’язати реальності досконалу й абсолютну альтернативу.

    Формування політичної та законодавчої програми на основі передумов, які я описав
    раніше, недостатньо, оскільки зараз ми живемо в часи роз’єднання, постдемократії,
    де переплітаються різні типи сил і форми анархії. Це вже не час завоювання
    Держави, від якого, остаточно набутими силами, змінюються й суспільства.
    Сьогодні це ера дезорієнтованої та розпорошеної влади, а також розрізнених
    областей соціального індивідуалізму, який поширюється на географічні відмінності,
    економічний та лобістський егоїзм, який протистоїть «владі», оминаючи формальну
    владу. Більше того, для тих, хто не має певної ролі в суспільстві, а це більшість
    людей, єдиний вихід — об’єднатися заради добробуту та споживачів.

    Для того, щоб діяти в цій реальності, ми не повинні зупинятися на виборчій
    активності, а повинні боротися щодня без будь-яких вагань. Людина повинна бути
    активною завжди, будь-де, на будь-якому рівні, зосередженою на тому, щоб
    упорядкувати та організувати її так, щоб створити з неї повністю автономну силу,
    завжди зосереджену, здатну протистояти всебічній силі, яка руйнує нашу свободу.

    Це можна зробити, лише якщо уявити себе імперською сутністю і діяти так само.
    Якщо імперська ідея буде успішно засвоєна та засвоєна, наша Невидима Імперія стане
    нашим хребтом і водночас тією дороговказною зіркою, яка дозволить нам діяти
    скрізь і за будь-яких умов.
    Це підводить нас до другої найважливішої потреби нашого віку. До питання про
    наше внутрішнє Я. Ера планетарного рівня: шкода, заперечення та придушення
    свободи. Вона робить це в ім'я «свободи». Сексуальна та гендерна свобода, до якої
    слід додати також генетичну свободу, незважаючи на проголошені наміри, мають
    тенденцію стандартизувати та моралізувати правопорушення, які, однак, стаютьжорсткими та кодифікованими замість вільних. Тим часом, заперечуючи навіть
    генетичну ідентичність і таким чином відкриваючи поле нескінченних можливостей,
    їхні наставники хочуть розірвати всі зв'язки - все, що пов'язує не тільки людину, але й
    суспільство з чимось глибшим і вищим. Сини ліберального прогресизму, які почали з
    девізу «Заборонено заборонено», тепер починають забороняти все (від справжнього
    кохання до куріння, від вживання алкоголю до вживання свинини), аби лише нав’язати
    нам свої мутантські задуми. З фундаментальної точки зору: це повстання Утопії
    проти Міфу, з точки зору символів і реальних посилань: це безформний телуризм,
    який прагне помститися олімпійській маскулінності. Це єдиний справжній конфлікт
    цивілізацій, про який ми повинні знати.

    «Міф (нагадує Ернст Юнгер у «Трактаті про бунтівника») — це не історія минулого,
    а реальність позачасової природи, яка знову і знову повторюється в історії». Тому ми
    повинні почати зі зміни знака часу. Однак ми повинні пам’ятати, що ми живемо в
    умовах диктатури, інакше й бути не може, оскільки нашими танцями керують
    люди, які утопічно прагнуть весь час кинути виклик законам Космосу. «Більшість
    (продовжує Юнгер) може діяти законно і водночас творити беззаконня. (...)

    Зловживання може ставати все більш і більш жорстоким і зрештою перетворитися
    на справжній злочин, спрямований проти конкретних соціальних груп».
    З іншого боку, ця гадана нормальність, яку зараз називають політкоректністю, не
    може витримати, якщо вона не підтримує її суть і не стосується «меншин,
    переслідуваних, неконформних». Тому той, хто бореться за панування норм, за
    справедливість і за правду правди, не може не знати, що він веде нерівну боротьбу з
    тими, хто, диктуючи правила гри згори, тим не менше продовжує шахраювати.

    А за цим ігровим столом ми можемо тільки програвати і програвати. Це правда, що
    ми можемо здійснювати швидкі, нестабільні та ефективні рейди, але ми ніколи не
    зможемо протриматися занадто довго. Якщо ми вирішимо це зробити, ми повинні
    знати, що можемо програти. Як це було у Кіплінга: «Якщо йому доведеться
    починати заново - він ніколи не зможе зітхнути проти втрати». Перша свобода і
    перша автономія, перша сила і перша влада завжди в грі. Не покладайтеся морально,
    економічно чи психологічно на ті потреби, які створив Левіафан, і не піддавайтесь
    страхам, які він створив. Це єдина неминуча передумова для визвольного акту
    перезаснування. Єдиний шанс імперських повстанців на перемогу полягає насамперед
    у їхній здатності залишатися недоторканими до всіх можливих форм лестощів і
    погроз. Щоб нічого не втратити, під час протистоянь вас не можуть привабити
    мова чи жести людей, які не схожі на нас. Ми повинні знати, як бути в цьому світі і
    вміти жити в ньому, не будучи від цього світу.Як запропонував нам Юнґер у своїх працях, йому довелося «піти в ліс», щоб ще
    точніше й далі самому бути в лісі, що лежить посеред самого міста. Але ви не
    можете піти в ліс один або навіть самі стати лісом, якщо ви не відновите гордість
    за себе, якщо ви ще не відкрили коріння, яке дозволяє нам випрямити стебло. Імперія
    – тобто внутрішня осьова спрямованість, яка стоїть понад усе – ось що робить це
    можливим для нас.

    І це є причиною того, що імперська відповідь, яка стане популярною і поширеною,
    народиться в нашому світі як «елітарна» відповідь, яка, однак, всупереч тому, що
    відбувалося досі, виходитиме від відкритої еліти - великодушної і здатної на жертви.
    Знову Юнґер: «Будуть еліти, які боротимуться за новий вид свободи, ця боротьба
    потребуватиме великих жертв і інтерпретації, яка не може бути меншою за її
    гідність». Зокрема, слід усвідомлювати, що «до Міфу немає повороту назад; З міфом
    можна знову зіткнутися, коли основи часу відходять від землі, у ситуації
    надзвичайної небезпеки».

    Ернст Юнгер також закликає нас завжди бути активними та присутніми. «Девіз
    Rebel – «Hic et Nunc» (англ. Тут і зараз), бути повстанцем - означає бути вільною
    людиною, діяти незалежно від інших». Hic et Nunc - тут і зараз. Ці два слова
    означають Імперію в повній мірі, і якщо їй це вдасться, вона гарантує нашу свободу.
    Хоча зараз бути вільним – це не право, а важке завдання, яке все менше
    сприймається людьми. Але це зобов’язання, яке ми повинні взяти на свої плечі, хоча б
    заради вірності нашим предкам і нашим нащадкам, яким ми повинні повернути і
    справжню свободу, і справжню гідність.

    Імперіум, Hic et Nunc; щоб забезпечити майбутнє наших людей, наших націй, наших
    регіонів і нашої Європи. Бути вільним: як люди лісу і мандрівні лицарі.