par Gabriele Adinolfi
Du Donbass à Gaza, les mononeuronaux exaltés sont prisonniers de la même folie. Pour eux, il s'agit d'une question d'annihilation mutuelle entre deux positions qui n'admettent pas d'alternatives ni de nuances.
Commençons par la question ukrainienne, où depuis vingt mois, ceux qui ont defendu la barbare et insensée boucherie russe affirment qu'il faut soit soutenir cette horreur, soit être des serviteurs des Américains.
Pour ces individus qui n'utilisent pas trop leur matière grise, il est inconcevable de défendre un peuple agressé et nié, dont on cherche à anéantir l'identité et la souveraineté, tout en traçant un chemin qui n'a rien à voir avec celui des Américains. Ils ne conçoivent plus, admettant qu'ils l'aient jamais fait, que l'on puisse établir des critères fondamentaux tels que la justice, la sympathie de sang et de culture, une optique de centralité de l'Europe, et combattre ainsi une tenaille impérialiste. Pour eux, il s'agit de soutenir soit une mâchoire, soit l'autre, et ils parlent de liberté !
Ils rejettent toute analyse, toute évaluation, toute donnée, tout raisonnement, même toute preuve qui passent sous leurs yeux, cars ils refusent d'admettre que, volontairement ou non, les impérialistes dont ils sont devenus les serviteurs sous prétexte de se débarrasser des autres, sont l'un et l'autre objectivement complices de leur "ennemi", le renforcent et jouent son jeu.
La même chose s'applique à Gaza, quelle que soit la distorsion mentale des uns et des autres. Que l'on parle de sionistes de complement (noachides selon le vocabulaire hébreu) ou d'antisémites de pacotille (d'ailleurs le terme "antisémite" dans le specifique est inapproprié), le résultat ne change pas. Soit on pretend qu'il faut condamner sans réserve l'assaut du Hamas et effacer toutes les fautes des soixante-quinze ans d'impérialisme oppressif et génocidaire aux dépens des Palestiniens ("il n'y a pas de justification" est le leitmotiv), soit on devrait glorifier la Djihad et justifier ses horreurs ignobles.
Il devient secondaire que Hamas, quelles que soient sa complexité et la multiplicité de ses parrains et de ses financiers actuels, au départ ait été créé par les Israéliens contre l'OLP, et qu'il soit depuis toujours une pièce dans les mains de diverses oligarchies criminelles qui jouent des jeux obscurs (qatariotes, israéliens, iraniens), des oligarchies qui, objectivement, sont beaucoup moins ennemies entre elles qu'elles ne le prétendent.
Le fait que Hamas soit toujours prêt à sacrifier non seulement les vies des israéliens mais aussi le sang palestinien, en suscitant constamment des représailles pour maintenir cette tension qui profite à ses manipulateurs en leur assurant un rôle dans le jeu de la terreur, et un considerable flot d'argent, ne devrait pas être pris en compte, serait non pertinent.
Que les comportements du Hamas et de l'appareil politico-militaire israélien soient complémentaires, qu'ils se nourrissent mutuellement et qu'ils empêchent ensemble la réalisation d'un véritable État palestinien semble ne pas compter du tout. Ceux qui font remarquer que l'assaut de samedi dernier ne peut être compris sans le situer dans un contexte plus vaste, plus étendu et plus important, sont automatiquement considérés comme partisans du Hamas, de la Jihad, de la guerre contre un Occident auquel Israël s'associe automatiquement par des automatismes inconscients, et comme des complices des impérialistes mafieux iraniens ! Et malheur à celui qui souligne que ces derniers ont même été pris au dépourvu, peut-être dans un conflit interne, et que, pour la même raison, les appareils israéliens ne sont pas sans faute.
Au contraire, je revendique non seulement le droit, mais le devoir de la Troisième Voie, qui n'est jamais neutre et choisit toujours son camp, mais ne se plie pas aux schémas binaires des oligarchies qui sont ceux de la guerre psychologique en cours depuis quatre-vingt ans. Soutenir toujours les causes les plus justes et la liberté de tous les impérialistes, qu'ils soient américains, russes, israéliens ou, à une échelle plus réduite, iraniens, turcs, wahhabites. Le faire au nom de l'Empire centré sur l'idée de l'Europe, en rejetant toutes les créatures de l'impérialisme visant destructurer les peuples et leur volonté de puissance (du souverainisme de droite au tiersmondisme de gauche). Dénoncer toujours les complicités mafieuses entre les impérialistes et leurs outils (États-Unis et Russie, Israël et Hamas) et refuser de se laisser emporter par l'hystérie collective qui produit constamment des factions-ghettos célébrant les rituels qui perpétuent la domination des Grands Frères. Voilà ce que je souhaite que se fasse !
Cependant n'oublions pas que qui que soit à ramporter la partie au Moyen-Orient, la cause nationale palestinienne est instrumentalisée et n'a guère de chances de succès à court terme. L'avancée des organisations islamiques ou islamistes a introduit une logique internationaliste et fondamentaliste qui l'étouffe.
Les images terrifiantes et inacceptables de lynchage au cri de "Allah Akbar" qui nous indignent parlent à toutes les banlieues européennes et à leur revanchisme ethno-social. Les attentats se multiplieront probablement, en partie spontanément, en partie par des impulsions étrangères (turques, wahhabites, iraniennes), à cause des manigances des guerres obliques (anglaises, américaines, russes, israéliennes), sans exclure les jeux machiavéliques des services de renseignement internes.
Le 7 octobre déclenchera probablement une offensive de terrorisme internationaliste et fondamentaliste contre nous tout en portant préjudice à la cause palestinienne. Il est aussi difficile de dire quels effets cela aura en Israël et dans les relations israéliennes avec le monde.
Commentaires
Merci Gabriel !
Merci Gabriel !