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Les cabrioles

par Gabriele Adinolfi

cabrioles.jpegLe schéma commode pour la populace béate et superficielle est celui d'un affrontement entre l'Occident et l'Anti-Occident. Une sorte de Nord-Ouest contre Sud-Est. C'est ainsi que le Chaos organisé de nos jours est représenté, de manière à nous imposer l'impossibilité d'en sortir, car quiconque accepte ce mensonge dualiste doit choisir entre défendre le système actuel dans toutes ses composantes ou espérer être désintégré comme Samson avec les Philistins. Le clivage dialectique entre le boucher Netanyahu et les assassins psychopathes du Jihad est emblématique. Ainsi, il n'y a pas d'issue, mais l'alternative n'est certainement pas la neutralité, c'est une centralité active, jamais équidistante.

Les choses sont différentes de ce qu'elles nous sont présentées : dans la restructuration mondiale, incorrectement définie comme multipolaire, mais plus correctement comme l'expression d'un magma multialigné qui, comme dans le monde des insectes, répond à des impulsions qui le dépassent, les jeux se sont multipliés. Il y a plus de conflits au sein des BRICS, où l'Inde et la Chine s'affrontent et se préparent à devenir de farouches adversaires, comme l'Arabie saoudite, l'Iran et les Émirats arabes, plutôt qu'entre ce prétendu bloc et le bloc atlantique. Dans la tragédie palestinienne, il y a des déclarations anti-israéliennes de surface de la part d'acteurs qui coopèrent avec Tel Aviv, comme la Turquie en Azerbaïdjan ou même l'Iran, qui a été entraîné de force dans une crise internationale non désirée et n'a pas encore réagi. Il y a la "grande fraternité arabe" qui ne rouvre pas ses portes aux Palestiniens. Il y a aussi les positions occidentales, toutes pro-Israël en paroles, mais qui se révèlent essentiellement plus militantes que la rhétorique musulmane, notamment dans les choix concrets, c'est-à-dire l'augmentation des financements pour la Palestine. La réalité ne correspond pas à celle qui nous est présentée. Bien sûr, il suffirait de peu pour obtenir - si décidé là où cela est possible - un effet domino qui pourrait transformer cette fable en une réalité catastrophique et en une guerre mondiale prédéterminée. Mais il est beaucoup plus probable qu'ils se contenteront de susciter un terrorisme utile pour les guerres obliques dans le partage du butin entre des gangsters qui n'ont ni patrie ni dieu, bien qu'ils en parlent souvent, et qui sont toujours unis entre eux, même dans leurs scissions.

Restant dans le schéma pour les crédules, on note combien de contorsions indignes sont imposées à ceux qui l'ont accepté, quelle que soit leur dévotion personnelle. Les hooligans atlantistes prétendent que l'on doit défendre Israël contre le terrorisme palestinien et l'Ukraine contre l'invasion russe. Les soi-disant anti-atlantistes (je dis soi-disant car ils sont dialectiquement indispensables à la cohésion de l'OTAN, qui ne les remerciera jamais assez de leur existence) prétendent que l'on doit défendre le peuple palestinien mais opprimer l'Ukraine. Ce qui échappe à tous, c'est la similitude. La Palestine est niée en tant qu'entité et en tant que souveraineté par un envahisseur qui est né d'un acte de conquête et a immédiatement annexé plus de territoires que ce que la communauté internationale lui avait permis - et il l'a fait grâce aux Russes plus qu'aux Américains - et depuis 1967, il occupe militairement des territoires qui ne lui appartiennent pas et refuse de les libérer. L'Ukraine est niée par la Russie à la fois en tant qu'identité et en tant que souveraineté, et depuis 2014, la Russie occupe militairement une grande partie de ses terres, où elle a causé des destructions, de la barbarie, des massacres, des viols et des déportations. Il faut être d'une hypocrisie immense pour affirmer que l'on ne soutient que l'un d'eux pour des raisons de justice, car cela signifie ne pas avoir le moindre sens de la justice mais seulement une servilité envers le maître à qui l'on lèche les bottes. De plus, avec l'aggravation de ne pas (vouloir ?) comprendre à quel point chacun des maîtres est plus aligné sur les autres maîtres que sur ses propres serviteurs.

Comment se fait-il que des gens qui célèbrent le 25 avril (la "libération" de l'Italie en 1945) et nient ou minimisent les événements des Foibe (où les partisans rouges jugoslaves ont tué des miliers de civils italiens de façon atroce) puissent accuser le Hamas d'être un groupe terroriste parce qu'il attaque sournoisement des civils, ne porte pas d'uniformes, se cache dans la masse et se protège derrière des civils ? Ce sont des pratiques partisanes ignobles. Mais comment peuvent-elles être bonnes ou mauvaises en fonction de la convenance ? Et, d'un autre côté, comment peut-on glorifier le Hamas et Kadyrov tout en condamnant l'État islamique ? Comment peut-on s'indigner du fait qu'Israël ose prétendre que le bombardement de l'hôpital de Gaza est l'œuvre des Palestiniens, mais en même temps avaliser la même odieuse mensonge russe concernant l'hôpital de Marioupol ? Comment peut-on parler de massacres de civils tout en niant Bucha ? Avec quelle honnêteté intellectuelle peut-on affirmer que les Israéliens, les Russes ou les Américains sont différents les uns des autres ? Et, surtout, comment peut-on encourager le massacre d'un peuple ou d'un autre parce qu'il est faiblement soutenu par un bandit plutôt qu'un autre dans le jeu de Risk-Monopoly ? Et comment peut-on agiter le drapeau du danger islamique en Europe tout en faisant des clins d'œil aux groupes qui, au nom de "Allah akbar", ont définitivement déformé la cause nationale et sociale des Palestiniens ? Comment peut-on affirmer que Daetsch et Al-Qaïda sont en intelligence avec les États-Unis et Israël, puis oublier la genèse, le parcours et le rôle du Hamas et faire semblant d'ignorer les complicités avec les appareils israéliens dans l'assaut du 7 octobre, si éhontées et évidentes que la majorité des Israéliens en sont même convaincus ? Tout cela est inacceptable, et pourtant c'est ce qui se produit régulièrement : les gens sont hypnotisés et formatés sans difficulté et se considèrent comme irréductibles. Pourtant, aucun d'entre eux n'a la profonde motivation de son hypocrisie, qui peut être comprise chez les Palestiniens, les Juifs, les Ukrainiens et les Russes qui sont impliqués dans la lutte pour leur survie. Pour ceux qui doivent montrer la voie, le choix de leur camp doit être avant tout réel et non une invention, il ne doit donc jamais être remis en question pour des facteurs contingents ou des fautes individuelles, mais il doit toujours être capable de sublimer et de nobiliser la cause, car c'est un facteur de sang et de genius loci, mais surtout de civilisation. Sinon, nous deviendrons des exaltés interchangeables du monde globalisé des insectes: de droite ou pas, des terminaux.

 

 

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