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Mettre en ordre soi-même pour faire le ménage autour de soi

Traduction du discours en espagnol de Gabriele Adinolfi à la rencontre des Lansquenets en Cantabrie (13 mai 2023)

 

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Demandons-nous pourquoi nous avons une passion politique, pourquoi nous sommes en désaccord avec la politique et la culture de la majorité, si nous avons des espoirs de succès et lesquels.

Nous ne nous posons généralement pas ces questions car nous agissons d'abord par instinct puis par réflexes conditionnés. Même notre pensée est conditionnée et nous assumons de nombreuses croyances que nous n'essayons presque jamais de vérifier.

Nous nous disons généralement qu'un complot se déroule, que les gens sont trompés et manipulés par quelqu'un, mais que la mesure est pleine et que bientôt les gens vont se réveiller.

Nous disons cela parce que nous ne sommes pas conscients de la société ni même de nous-mêmes.

Les gens sont-ils trompés ? Probablement oui mais parce qu'ils demandent à être trompée. C'est ainsi que fonctionne le consensus dans une démocratie, un consensus qui prévoit la délégation de responsabilités à d'autres.

Le peuple demande à être trompé pour ne pas être appelé à faire des choix.

 

La démocratie dans toutes ses versions, en particulier communiste, est basée sur la non-participation active du peuple à la politique et à la civilisation et les satisfait donc, supprimant tous les engagements, tous les fardeaux et, par conséquent, la possibilité de s'élever.

Les modèles de nos ancêtres étaient différents : des sociétés organiques et participatives, hiérarchisées, dans lesquelles le devoir pouvait rendre libre et grand.

Depuis l'avènement de l'ère mercantile, les affrontements entre deux visions du monde se sont répétés. Celle dite césarienne a bouleversé la grisaille des démocraties mercantilistes et des oppressions communistes, jusqu'aux révolutions nationales du siècle dernier.

 

Nous vivons aujourd'hui dans une ère de transition où la société se transforme profondément : de moins en moins organique, avec une communication de plus en plus virtuelle, elle est administrée par des oligarchies de plus en plus technologiques appuyées factivement par les oppositions virtuelles bruyantes et vides qui représentent en quelque sorte les syndicalismes de l'insatisfaction. Toutes ces oppositions ne font que démontrer qu'il n'y a pas d'alternative aux oligarchies. Les populismes, de droite et surtout de gauche, en Europe comme aux États-Unis, l'ont ponctuellement démontré.

Car le problème, dans la société d'aujourd'hui, ne se limite pas à la gestion des ministères ou des gouvernements nationaux, mais est beaucoup plus profond, il réside dans les âmes, dans les cerveaux, dans le mode de vie.

Puisque nous sommes dans une ère de transformations qui n'a probablement pas de précédents aussi importants dans l'histoire, réaffirmer l'essentiel, le juste et aussi le bon sens dans un changement continu et sans les références solides du passé, peut sembler rédhibitoire.

Et c'est là que nous tombons dans les principales erreurs qui nous désorientent.

 

Quelles sont ces erreurs ?

Le premier est l'insistance sur la tromperie dont nos peuples seraient victimes.

A partir de là, au lieu de ressentir de l'empathie avec les gens et d'établir une relation d'échange communicative, on a tendance à les endoctriner, en leur expliquant tout par un complot. Nous donnons des interprétations sommaires, réductrices et souvent grotesques à des outils critiques de la démocratie qui, dans chacune de ses différentes expressions (contre-révolutionnaire, fasciste, marxiste) étaient de grande qualité. Mais nous les avons momifiés, nous ne saisissons presque jamais leurs aspects physiques et métaphysiques, et nous ne sommes plus capables de comprendre l'enchaînement des actes, des effets et des causes.

En tant que Témoins de Jéhovah, nous prétendons prêcher au peuple cette vérité dont nous sommes convaincus, mais qui est le cadavre d'une vérité. Mais on n'arrice pas à le réveiller, peut-être parce qu'il dort moins que nous: cela ne marche jamais.

 

La deuxième erreur est l'effet de la première. Puisque nous n'arrivons pas à convertir les gens aux Témoins de Jéhovah, nous décidons que notre peuple est pire que les autres, qu'il est plus pourri et qu'il doit être dominé par quelqu'un. Alors on suppose qu'il n'y a rien de pire que l'Occident, ce qui n'est absolument pas vrai, et que tout est mieux que l'Occident, ce qui est surtout faux.

Les Témoins de Jéhovah se réfugient alors dans le Bateau pirate de Brecht et rêvent d'ouvrir les portes de la ville à l'envahisseur qui devrait réparer les torts et remettre les choses en ordre.

Ainsi, sans même se rendre compte que notre imaginaire devient mondialiste, on se prend à rêver d'une victoire décisive pour ceci ou cela : Ahamdinejad, Poutine, Trump, pour certains même le Djihad.

Nous sommes au seuil du délire.

 

Une troisième option devient une erreur dans sa pratique, mais, contrairement à celles que nous venons d'énumérer, elle a au moins l'avantage de rechercher le concret. Je parle des tentatives politiques de la droite nationale (Rassemblement National, Fratelli d'Italia, Vox, Lega, Reconquête, Chega). Ceux qu'y militent sont souvent accusés de trahison ou d'abandon des répères. mais de quelle chaire vient le sermon ?

S'il existe un sujet politique radical autonome, il n'a pas besoin de s'identifier à un parti mais il n'a pas non plus besoin de l'excommunier.

Si nous avons une vraie identité, nous n'avons aucune difficulté à manier n'importe quel outil possible, avec réalisme mais avec autonomie. Comme c'est rarement le cas, force est d'admettre que c'est nous qui avons des problèmes.

Nos plus proches qui militent dans ces partis, eux, ont malheuresement presque toujours le défaut de se laisser emporter par les dynamiques électorales et de ne pas agir en profondeur là où se trouve le vrai pouvoir stable, ou plutôt dans ce qu'on appelle désormais l'Etat Profond.

 

En un mot, nous ne savons généralement pas trop quoi faire, nous n'avons pas de stratégies, nous n'avons pas de méthode, nous n'avons pas d'ambitions, nous n'avons pas de plans.

Nous vivons d'illusions déplacées, de désillusions, de déceptions et d'emportements amers.

Nous nous entendons souvent bien les uns avec les autres, en communauté. Mais ce qui nous sauve d'être Témoins de Jéhovah, ce sont les appels du sang et du sacrifice : Acca Larentia, José Antonio, la Charlemagne...

Ce n'est pas de la nécrophilie ni même de la nostalgie, c'est un lien profond et plus qu'humain. Et c'est à partir de là qu'il faut commencer à agir sur soi, pour devenir meilleur à la fois, plein de sens et efficace même en politique.

 

….................

 

Lorsque nous nous rendons à un rassemblement pour un Présent!, nous éprouvons des sensations uniques. Cela se produit parce que nous ressentons leur présence, quelque chose de sacré, de métaphysique. Est-ce que c'est nous qui en avons l'impression ? Peut-être en partie, mais pas entièrement car c'est l'un des rares moments où l'on perçoit l'harmonie du cosmos, le lien entre le visible et l'invisible, entre le temps et l'éternité.

La célébration de Caduti est quelque chose qui nous appartient, que d'autres ne sont jamais capables de reproduire. Ils ne le pouvaient pas parce qu'ils sont des matérialistes aveugles.

Beaucoup d'entre nous, presque tous, n'ont pas vécu les années où sont tombés ceux dont nous nous souvenons. Nous essayons d'être dignes d'eux mais nous ne savons rien d'eux. Pourtant, un film suffit, les photographies suffisent, les paroles de chansons et de poèmes suffisent, pour saisir l'abîme qui sépare ceux dont on se souvient de leurs ennemis. Un abîme esthétique, un abîme de style, un abîme de dignité, car c'est un abîme spirituel.

 

Cara al sol n'est pas une façpn de dire. Ils ont marché face à la mort avec le paso alegre, de la paz interior, en la guerra.

Ils étaient ordonnés et disciplinés. Pour de nombreux historiens, la guerre civile espagnole a été gagnée par les nationaux parce que la majorité des sous-officiers avaient choisi ce camp, tandis que les républicains avaient du mal à se discipliner.

En vérité ils possédaient une paix intérieure, leur passion était faite d'amour et non de haine, comme c'est presque toujours le cas chez les ennemis.

C'est pourquoi leurs yeux étaient toujours vivants, même dans les moments les plus tragiques, c'est pourquoi ils étaient ironiques et leurs chansons étaient joyeuses. Pour cela, ils étaient disciplinés, ils étaient bien rangés et ils étaient beaux.

En uniforme ils étaient beaux, leurs ennemis étaient presque toujours grotesques habillés en soldats, ils n'avaient pas le style.

Ainsi, les notres vainquaient non seulement quand ils vainquaient, comme en Espagne, mais aussi quand ils perdaient, comme sur les fronts de l'Est ou du Sud. Parce qu'ils étaient plus grands et qu'on s'en souviendra toujours, alors que personne ne se souvient des autres.

Il suffit de penser aux tombes d'Evita et de Mussolini et à la Valle de los Caidos qui a maintenant été profanée.

 

On se répète souvent, et avec raison, qu'il n'y a plus d'hommes comme eux. Cela dépend de nombreux facteurs et ce n'est donc pas un fait irréversible. Puisque les hommes et les femmes sont liés à leur époque, il ne faut pas trop se reprocher de ne pas être comme eux, car on a raté l'occasion de faire ses preuves. Mais au lieu d'être soumis et fatalistes en raison du manque de tels hommes, nous devons apprendre d'eux.

Le rationalisme, le matérialisme et l'opportunisme nous ont imposé des schémas de pensée qui nous font croire que tout n'est qu'un rapport de forces, un fait quantitatif.

Rien de plus faux : on n'intervient pas sur les effets si on ne part pas des causes.

Vous ne changez pas le monde en opposant des programmes à des programmes, des conceptions à des conceptions. Cela se fait en partant du centre.

 

Nos ancêtres ont fondé des villes avec des rites et ont tracé le Mundus, à partir duquel l'impur était gardé hors des murs. Avant d'aller à la guerre, ainsi qu'avant d'ériger des ouevres, les âmes étaient purifiées, les rythmes naturels et cosmiques étaient suivis.

Ce fut l'accent des siècles suivants, plaçant l'église au centre du village.

On croyait que pour changer le monde il fallait être en ordre avec soi-même et on était convaincu que les influences invisibles et subtiles sont plus puissantes que les tentatives titanesques.

Ainsi naquit la juste hiérarchie, c'est-à-dire le commandement du sacré, ou de l'ancien.

La hiérarchie n'est pas une affaire de gangs, où un chef domine ses adeptes : c'est un service.

La conception correcte de la hiérarchie n'est pas d'avoir des suiveurs, c'est de choisir des leaders et de les suivre pour vaincre soi-même.

C'est à cela que sert la discipline : vaincre soi-même , annuler son égoïsme, son intelligence, sa paresse, son ambition, s'annuler et, ce faisant, devenir plus grand.

C'est pourquoi les troupes disciplinées gagnent, car elles ne sont pas poussées par l'angoisse ou la colère.

 

Sans discipline intérieure, quoi que vous essayiez de faire, vous ne changez pas le monde.

Une discipline qu'il faut cultiver en se mettant à l'épreuve, en parallèle avec un effort physique : arts martiaux, marche, tir à l'arc ou compétitions sportives. Une discipline qui doit nous apprendre à ne pas mettre l'ego au centre des choses, à ne pas voir nos actions comme des projections de nos ambitions individuelles, mais toujours au service d'une communauté et, avant cela, de quelque chose de supérieur et non fermé, quelque chose qui nous unit tous, quel que soit le mouvement, l'association, le parti ou le groupe dans lequel nous militons.

Si l'on veut ensuite toucher le monde, il faut retrouver un style, une allure.

Je parle de style et d'allure, pas d'attitude. Ce doit être quelque chose qui nous vient naturellement, une fois que nous avons mis les neurones dans un ordre hiérarchique. Si ce n'est pas naturel, cela devient grotesque : exactement comme le sont toutes les bandes partisanes dans leurs uniformes et dans leur façon de défiler.

 

Ne vous méprenez pas : je ne vous invite pas à témoigner et encore moins à vous sentir supérieur et à vous perdre dans le mépris des autres.

Je crois profondément que les changements qui s'opèrent produiront de nouvelles opportunités prometteuses.

Il faut y répondre par des compétences organisationnelles, par des stratégies, des méthodes et des programmes, par des analyses claires et opérationnelles et non par une opposition philosophique.

Cependant, les deux choses vont de pair et il est important de toujours garder à l'esprit que l'intelligence, la capacité, la force doivent toujours répondre à l'esprit, à l'impersonnalité, à la communauté, à l'éternel et jamais l'inverse.

 

C'est sur cette conviction et en travaillant à ces deux niveaux que nous avons donné vie aux Lansquenets d'Europe, à travers lesquels par lequel nous intervenons dans ce sens partout où nous le pouvons et que, une fois par an, nous nous retrouvons lors d'un week-end de haute intensité en Provence, dans le sud de la France. Cette année du 20 au 23 juillet : un rendez-vous à ne pas manquer et auquels je vous attends !

Cependant, ce qui importe le plus, c'est de faire nôtre ce savoir ancien, et somme toute simple, et d'agir sur nous, car seuls ceux qui se mettent en ordre dans le chaos peuvent mettre de l'ordre dans le monde qui les entoure. Parfois sans même avoir besoin d'agir, par simple contagion de l'exemple.

Avec une noble humilité et avec générosité. Le reste viendra.

 

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